Revisitons ensemble une idée reçue particulièrement tenace : « l’étiquette c’est antique et passé de mode, c’est trop contraignant, cela ne sert plus à rien » !
À l’origine de l’Étiquette en France, il était question, sous le règne de Louis XIV, de placer de petites pancartes (des étiquettes !) près des pelouses dans les tous nouveaux jardins de Versailles pour éviter que les courtisans n’y marchent et ruinent les beaux efforts du jardinier Le Nôtre.
Par la suite, c’est tout un code de comportement à l’attention de la cour qui sera établi pour organiser le quotidien des milliers de personnes vivant dans l’enceinte du château et dans l’entourage du roi.
On voit bien qu’aujourd’hui tout cela appartient au passé, parfois à la légende, et pourtant le concept d’étiquette perdure. Il a évolué au rythme des évolutions de nos sociétés contemporaines car contrairement aux idées reçues, l’étiquette n’est pas figée dans le marbre, elle s’adapte aux cultures et aux variations de nos us et coutumes.
Mais qu’en faire ?
S’en affranchir totalement serait se priver d’une opportunité de taille : celle de maintenir les fondements du bien vivre-ensemble. La politesse, la bienveillance, en un mot l’attention portée aux autres, sont des marqueurs essentiels qui aident à structurer nos relations sociales. C’est à la base de la notion d’inclusion.
À une époque où le tout digital nous submerge d’informations, de stimuli et de sollicitations, il est tentant d’aller toujours plus vite, au strict nécessaire, sans mettre les formes, pour pouvoir accomplir le plus de tâches possibles dans le temps qui nous est imparti et qui dans notre référentiel terrestre, ne peut pas se dilater !
Pourtant, plus on en fait et plus on constate certains manques, qui tout doucement craquellent le ciment de nos sociétés. On oublie les autres, on stigmatise facilement, on réagit vivement sans toujours réfléchir avant de s’exprimer bref, la machine s’emballe et nos sociétés en souffrent. Le trop est en quelque sorte l’ennemi du bien.
Et c’est là, dans ce contexte complexe, que l’Étiquette revient discrètement mais sûrement, pour se rappeler à notre bon souvenir. Et si ces règles simples nous rendaient un peu de notre humanité perdue ?
Oui, le savoir-vivre, les bonnes manières sont le b.a.-ba qui fait vivre une communauté, qui ouvre la porte à l’autre, à ses différences, ses richesses culturelles.
L’Étiquette en quelques mots, c’est :
– accepter que l’on ne soit pas seul au monde et que les autres comptent aussi.
– prendre le temps de s’exprimer avec bienveillance pour ne froisser aucune sensibilité.
– prêter attention aux signaux que les autres vous envoient pour éviter les malentendus, sources d’incompréhensions, voire de conflits.
– soigner la forme autant que le fond pour montrer le soin apporté à ses actions.
Ces quelques réflexes, règles d’Étiquette, font passer dans la catégorie des gens qui prêtent de l’attention aux autres, qui sont ouverts sur le monde et savent se montrer inclusifs.
Car l’enjeu est de taille : faire en sorte que chaque individu, indépendamment de ses origines, orientations ou expériences puissent se sentir comme faisant partie d’un tout, membre à part entière d’un groupe, d’une communauté, d’une société, …
Penser chaque jour à mettre en pratique quelques règles d’Étiquette, cela peut paraître anodin, mais ces actions simples peuvent changer le monde et le porter sur le chemin de l’inclusion.
Quelques exemples :
– dire bonjour poliment, en souriant, peut désamorcer des conflits,
– apporter de l’attention à sa tenue vestimentaire en fonction des circonstances montre à vos interlocuteurs qu’ils comptent pour vous et seront plus enclins à vous porter eux-mêmes de l’attention,
– écrire un mot de remerciement après un entretien d’embauche, donne le sentiment à un recruteur qu’il ne vous a pas consacré du temps pour rien, que ce poste vous intéresse et que vous êtes un candidat sérieux,
– s’intéresser aux différences culturelles qui font que certains de vos collègues ou relations réagissent de façon très éloignée de vous dans certaines circonstances, ouvre la porte au dialogue et à l’ouverture d’esprit.
La liste est longue de ce que les bonnes manières peuvent apporter de positif dans nos sociétés, à tous les niveaux, dans toutes sortes de circonstances.
Étiquette et inclusion vont un peu de pair, l’une ouvrant la voie à l’autre. Les derniers mois nous ont beaucoup mis à l’épreuve, nous ramenant souvent à l’essentiel, être en bonne santé et sauver ce qui peut l’être. La secousse d’une pandémie mondiale violente appelle plus que jamais à persister dans notre action pour maintenir coûte que coûte la qualité des liens sociaux, même lorsqu’il faut le faire virtuellement. Les bonnes manières ne sauveront pas le monde à elles seules, mais elles ont un rôle non négligeable à jouer. Donnons-leur une chance et gardons espoir !